Des chercheurs sud-coréens ont étudié la possibilité d’utiliser un programme spécial pour améliorer la santé sexuelle des femmes ayant survécu à un cancer du sein. En effet, ces femmes sont confrontées à de multiples défis sur le plan sexuel en raison de leur maladie et de leur traitement. Les résultats de l’étude quasi-expérimentale ont été récemment publiés dans la revue scientifique European Journal of Oncology Nursing.1
Le cancer du sein peut avoir plusieurs effets négatifs sur la vie sexuelle des patientes : les mastectomies affectent l’image corporelle et les traitements tels que la radiothérapie peuvent entraîner une mobilité réduite, une fibrose ainsi que des douleurs.2,3 La chimiothérapie et l’hormonothérapie peuvent induire des symptômes de ménopause, détériorer le fonctionnement sexuel et provoquer une anxiété sexuelle.4 Une nouvelle étude a examiné l’efficacité d’un programme spécial d’amélioration de la santé sexuelle (« Sexual Health Enhancement », SHE) pour résoudre ces problèmes chez les femmes atteintes d’un cancer du sein.
L’étude quasi-expérimentale était de type pré-test-post-test, c’est-à-dire que les variables sont mesurées avant et après une intervention, sans randomisation des participants. L’étude a été menée auprès de femmes mariées chez qui un cancer du sein avait été diagnostiqué au cours des cinq années précédentes et qui avaient subi une mastectomie sans reconstruction. Les participantes ont été affectées au groupe d’intervention ou au groupe de contrôle, selon leur propre préférence. L’intervention consistait en un programme SHE (4 séances de groupe hebdomadaires plus des consultations téléphoniques) tandis que les participantes du groupe de contrôle recevaient les soins habituels.
Le programme SHE a été adapté à la culture locale, en l’occurrence celle de la Corée du Sud, et repose sur le modèle PLISSIT (Permission, Limited Information, Specific Suggestions, Intensive Therapy). Ce modèle est couramment utilisé pour évaluer et traiter les problèmes sexuels et a également été validé pour les patients atteints de cancer. Selon le cadre conceptuel du programme SHE, la sexualité des patientes atteintes d’un cancer du sein englobe essentiellement trois dimensions, à savoir :
Les mesures examinées étaient le fonctionnement sexuel, l’anxiété, l’image corporelle, l’intimité et les connaissances en matière de sexualité. Ces résultats ont été mesurés au début de l’étude, après une semaine et après cinq semaines.
Au total, 50 femmes ont participé à l’étude : 24 ont été affectées au groupe d’intervention et 26 au groupe de contrôle. L’âge moyen des participantes était de 49,9 ans dans le groupe d’intervention et de 51,8 ans dans le groupe de contrôle. Dans le groupe d’intervention, des améliorations statistiquement significatives ont été observées au niveau de l’anxiété (p=0,011 et p<0,021, respectivement), de l’image corporelle (p=0,045 et p<0,009, respectivement) et des connaissances en matière de sexualité (p<0,001 dans les deux cas) après 1 semaine et 5 semaines, par rapport au groupe de contrôle. Les niveaux d’intimité et de fonctionnement sexuel n’ont pas été significativement affectés par l’intervention.
Cette étude quasi-expérimentale a montré que le programme SHE permettait de lutter efficacement contre l’anxiété sexuelle, d’améliorer l’image corporelle et d’accroître les connaissances en matière de sexualité chez les femmes ayant survécu à un cancer du sein. Cela montre, selon les auteurs, que des interventions sur mesure sont essentielles afin d’améliorer l’image corporelle et l’intimité après un cancer. Ils suggèrent que les recherches futures se concentrent sur l’exploration de solutions numériques et l’engagement de partenaires pour améliorer l’efficacité de l’intervention.
Références
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